Cher·e membre et allié·e,
Cette newsletter est consacrée à notre récente intervention lors de la 2e Conférence annuelle des parties prenantes pour la lutte contre les inconduites sexuelles au travail, organisée par l’OMS (OMS) le 3.12.2024. Une expérience enrichissante dont nous souhaitons partager avec vous les leçons clés.
En ma qualité de Présidente fondatrice de Rezalliance, j’ai eu le privilège d’être invitée à prendre part à cette conversation essentielle qui a réuni des leaders d’opinion pour des échanges francs et constructifs. L’occasion de partager ma vision autour d’une discussion franche et constructive avec d’autres leaders d’opinion.
J’ai pu confronter ma perspective à celle de deux experts de renom :
- Marianne Cooper, chercheuse sur les questions de pauvreté et d’inégalités à l‘université de Standford.
- Frank Dobbin, professeur de sciences sociales à l’université de Harvard et auteur d’ouvrages de référence tels que Inventing Equal Opportunity et Getting to Diversity: What Works and What Doesn’t.
Transformer la douleur en force motrice
Pour avoir été confrontée au harcèlement sous diverses formes dans la sphère professionnelle, je sais l’impact dévastateur que cela peut avoir non seulement sur la santé mentale, mais aussi sur le sentiment de sécurité, l’estime de soi et la confiance envers les autres.
Reprendre pleinement le contrôle de sa carrière après ce type de traumatisme est un défi colossal. Il est tentant pour une cible de vouloir rendre coup pour coup, mais il y a d’autres façons d’obtenir réparation. La meilleure revanche est encore de ne pas devenir comme les personnes qui sont à l’origine de la souffrance.
Chaque acte de harcèlement est un abus de pouvoir. Mais chaque acte de guérison est une reprise de ce pouvoir.
Pour moi, le chemin de transformation a consisté à :
🔸 Construire une nouvelle carrière alignée avec mes valeurs, en mettant l’intégrité et l’empathie au cœur de mes actions.
🔸 Être une alliée pour les autres, afin que personne ne traverse ces épreuves seul·e et isolé·e.
🔸 Agir avec compassion, et démontrer par la même occasion que la véritable force réside dans la bientraitance et l’équité, et non dans la destruction de l’autre.
Ma perspective rejoint le message clé tiré de la conférence de l’OMS : la lutte contre le harcèlement sous toutes ses formes, exige à la fois des changements structurels et un engagement individuel à rompre le cycle de violence. En transformant nos comportements et nos systèmes, nous créons des environnements plus sains et plus inclusifs, pour le bénéfice de toutes et tous.
❶ Le leadership en action : Zéro impunité.
for the Prevention and Response to Sexual Misconduct
3-4th December 2024, InterContinental Hotel, Geneva, Switzerland
Tedros Adhanom Ghebreyesus, Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), a donné le ton dès l’ouverture, en réaffirmant avec force la nécessité d’appliquer une politique de tolérance zéro envers les inconduites sexuelles, insistant sur le principe fondamental de « Zéro impunité »
Il a également souligné l’importance cruciale de la coordination, de la gestion des risques, de la formation et de la supervision dans la lutte contre ces comportements inappropriés. Son appel à « briser les silos » et à favoriser la collaboration intersectorielle, a fait écho avec la vision de Rezalliance.
Il a rappelé un point essentiel : Parce que le risque zéro n’existe pas, ce qui va définir une organisation, c’est sa manière de répondre aux situations problématiques. Va-t-elle l’ignorer, minimiser ou l’ affronter ?
Un message qui a une portée est universelle au-delà des différentes agences des Nations Unies: les entreprises et organisations de tous secteurs, doivent développer une culture de l’écoute et de responsabilité à tous les niveaux; s’équiper de dispositifs solides pour détecter, prévenir et répondre rapidement et efficacement aux comportements abusifs.
Je tiens à saluer le leadership de L’OMS qui a montré un courage remarquable en abordant les vérités les plus inconfortables lors de la conférence du 3 décembre 2024:
Le choix de l’introspection plutôt que l’évitement.
❷ Affronter l’inconfort pour avancer
Gaya Gamhewage, directrice de la Prévention et de la Réponse aux inconduites sexuelles, a ouvert la première session en rappelant que des progrès ont certes été réalisés au sein de l’OMS et des autres agneces de l’ONU, mais le chemin à parcourir reste encore long. D’où la nécessité d’avoir des conversations honnêtes sur ces sujets qui mettent mal à l’aise car c’est un levier indispensable pour progresser dans la lutte contre les inconduites sexuelles. Les solutions superficielles ne suffisent plus et le véritable changement nécessite du courage collectif, de l’innovation et une union dans l’action pour transformer en profondeur les environnements de travail.
❸ L’inévitable introspection
Christian Saunders, Coordonnateur spécial des Nations Unies pour l’amélioration de la réponse de l’organisation à l’exploitation et aux abus sexuels, s’est démarqué en tant qu’allié authentique de la cause. Son franc aveu des faiblesses actuelles des systèmes de prévention a été à la fois saisissant et porteur d’espoir.
En reconnaissant ces vulnérabilités, il a mis en avant la nécessité d’actions concrètes et mesurables pour lutter efficacement contre le harcèlement et les inconduites sexuelles. Une telle honnêteté est essentielle pour opérer un véritable changement. Les organisations doivent dépasser les mesures symboliques et s’attaquer aux causes profondes de ces problèmes avec intégrité et détermination.
❹ La nécessité de systèmes robustes
Lisa McLennon, Directrice du Bureau des services de contrôle interne de l’OMS, a insisté sur l’importance des dispositifs de détection et d’enquête rapidement actionable. Son message a fait écho à celui de Christian Saunders, qui a ouvertement reconnu les failles actuelles et appelé à une action continue.
Son intervention a mis en lumière la nécessité de mettre en place de systèmes de signalement efficaces pour créer des environnements plus sûrs, où les victimes et les témoins peuvent se manifester sans crainte.
❺ Bâtir des environnements de travail sains et respectueux des individus.
Cette conférence fut très riche au regard des nombreuses stratégies qui ont été partagées pour combattre les violences sexistes et sexuelles dans le cadre professionnel.
Voici un résumé de quelques conseils pratiques :
✅ Honnêteté et transparence : Comme l’a souligné Gaya Gamhewage, les organisations doivent reconnaître leurs failles avec humilité et s’engager à s’améliorer.
✅ Systèmes de détection et de prévention : Des dispositifs efficaces permettant une meilleure gestion des risques, sont essentiels pour réduire l’impact négatif des comportements abusifs.
✅ Formation et supervision : Tous les niveaux hiérarchiques doivent être formés afin de développer des compétences nécessaires pour identifier et prévenir le harcèlement sous toutes ses formes.
✅ Responsabilisation à tous les niveaux : Il est crucial d’apporter des réponses rapides et justes, applicables à tout le personnel de l’organisation sans exception.
✅ Autonomisation des cibles et des victimes : Donner la priorité au soutien des personnes affectées, en mettant à disposition des espaces de paroles sécurisants, confidentiels et empathiques.
✅ Promotion de la « solidarité active » : Développer une culture du soutien actif, où les individus passent de spectateurs passifs à témoins engagés qui osent signaler les situations problématiques.
La voie à suivre...
J’ai été ravie de constater la volonté des intervenants d’affronter ces enjeux majeurs et de s’engager pour un changement profond et durable sur le terrain. Cela donne de l’espoir pour un futur plus lumineux.
Mais le chemin est encore long et fastidieux. Créer des environnements de travail véritablement inclusifs nécessite des efforts constants, de l’introspection et de la collaboration. Le risque zéro n’existe pas alors la politique de la tolérance zéro est la voie à suivre pour obtenir des résultats concrets.
Attention: il ne s’agit pas d’adopter une approche systématiquement punitive mais avant tout éducative.
Les procédures, à elles seules, ne suffisent pas !
Elles doivent s’accompagner d’actions concrètes pour transformer en profondeur la culture organisationnelle. Il s’agit de créer un environnement où chaque individu se sent en sécurité pour s’exprimer, où tout le personnel est responsabilisé pour signaler les dysfonctionnements, et où les auteur·e·s de harcèlement sont réellement tenu·e·s responsables de leurs actes.
Cette conférence a fourni une feuille de route simple et claire pour les employeurs qui veulent créer des environnements de travail exempts de harcèlement :
1️⃣ Favoriser une culture d’écoute et de solidarité active
2️⃣ Investir dans la prévention, la formation et une gestion proactive des risques.
3️⃣ Ancrer la responsabilité à travers des pratiques transparentes pour tenir chaque personne responsable de ses actions, quel que soit son rang et son statut.
Ensemble, nous incarnons le changement.
Crédit photos : Marc Bader.
🎥 Enregistrement vidéo de la conférence accessible ici
Je vous remercie d’avoir pris le temps de lire jusqu’au bout. J’espère que ce contenu a enrichi votre perspective et vous a apporté des informations utiles pour agir à votre niveau.
Je suis convaincue que le changement est possible lorsque nous agissons ensemble, avec honnêteté et détermination. Pour cela, il suffit d’une touche de compassion, d’un élan de courage et d’une dose de persévérance.
Cette newsletter étant la dernière de 2024, je vous souhaite d’excellentes fêtes de fin d’année et me réjouis de vous retrouver en 2025 pour poursuivre cette belle aventure ensemble.
Chaleureusement.✨
Joëlle Payom – Présidente fondatrice – Rezalliance